Canari Frigo : les frigidaires du désert

Comment conserver ses produits ou ses médicaments quand il fait 40°C à l’ombre et que l’on n’a pas d’électricité ? Un véritable défi dans les régions sahéliennes mais aussi dans de nombreuses contrées africaines qui sont souvent dépourvues d’électricité (ou qui subissent de très nombreuses coupures) et où les habitants peinent à conserver leurs produits – ne serait-ce que quelques jours – avant de les cuisiner.

La question intéresse et inspire notamment au Niger, au Kenya… et au Burkina Faso où l’on a développé les Canari Frigo. Cette solution s’inspire des fameux canaris – ces grands pots d’argile utilisés traditionnellement pour conserver l’eau au frais, que l’on trouve partout en Afrique de l’Ouest. Leur méthode est un peu plus évoluée, tout en restant très simple : ils emboîtent deux canaris entre lesquels ils intercalent une couche de sable humidifié. L’évaporation de l’eau permet de rafraîchir le canari à l’intérieur et donc de conserver des produits « fragiles ». Dans la région de Ouahigouya, située au Nord du Burkina, l’association allemande Movement e.V. s’est appropriée le sujet et a développé ce système de réfrigération locale et frugale. Cette technique permet d’obtenir une différence de température de 20°C entre l’air ambiant et l’intérieur du « frigo » et de conserver les fruits et légumes frais pendant deux semaines au lieu des deux jours habituels. Ces frigos « made in Burkina » sont vendus 9 000 FCFA (env. 15€) et demandent peu d’entretien – les utilisateurs, choisissent un coin ventilé et à l’ombre pour installer le Canari Frigo, puis l’arrosent d’environ un litre d’eau chaque jour (sur le sable) pour conserver la fraîcheur. En plus de réduire le gaspillage alimentaire, cette solution permet aux femmes de faire des économies, à moyen terme, en réduisant leurs aller-retours au marché, et de réduire la pollution liée aux gaz d’échappement particulièrement dangereux dans ces zones où l’essence frelatée est monnaie courante. En moyenne, les femmes dépensent 500 FCFA (env. 0,75€) par jour pour aller faire leurs courses au marché.

Pour rendre le projet pérenne, l’association Movement e.V. a choisi de travailler avec les acteurs locaux. Ils ont mis en place un partenariat avec un groupement de potières qu’ils ont formées à la fabrication des Canari Frigo. Les membres locaux de l’association s’occupent, quant à eux, de l’assemblage et de l’installation. L’objectif est de créer un marché indépendant et autonome pour diffuser cette solution locale et frugale.

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